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Aglatidas, du Gouvernement qu’on luy donnoit, puis que ſans luy il ne l’auroit pas obtenu : luy exagerant en ſuitte, avec quelle ardeur vous aviez demandé la, choſe, à la priere d’Aglatidas. Quand Otane reçeut cette Lettre, il eſtoit dans la Chambre d’Ameſtris, où il y avoit avez grande compagnie : & comme on sçeut qu’elle venoit de l’Armée, chacun le preſſa de la lire, afin de sçavoir des nouvelles ; ce qu’il fit pour les contenter. Mais en liſant tout bas ce que je viens de vous dire, il changea vingt fois de couleur : & tout le monde creut ou que Ciaxare eſtoit mort, ou qu’on luy oſtoit le Gouvernement qu’on luy avoit donné. On luy demanda donc avec beaucoup d’empreſſement, ce qu’on luy aprenoit ? quelques uns meſme luy demanderent quelle mauvaiſe nouvelle on luy avoit eſcrite ? jugeant de la Lettre qu’il avoit reçeuë par ſon viſage. Mais il leur reſpondit qu’on luy rendoit conte d’une affaire particuliere qui ne luy plaiſoit pas : & certes il eſtoit aiſé de s’en aperçevoir ; car il parut un ſi grand chagrin dans ſes yeux, qu’Ameſtris qui le connoiſſoit admirablement, ne douta pas que la jalouſie n’euſt ſa part à ſon inquietude. Elle n’en devina pourtant pas la cauſe : & elle creut que peut-eſtre luy mandoit-on qu’Aglatidas devoit faire quelque voyage à Ecbatane. Cependant il teſmoigna ſi ouvertement à toute la compagnie qu’on l’importunoit, qu’elle ſe retira : il vint meſme des gens qui ne luy avoient point encore fait compliment ſur le Gouvernement quon luy avoit donné : mais il les reçeut ſi mal, qu’ils creurent qu’il leur vouloit faire un outrage : & s’il n’euſt pas eſté connu pour jaloux, & par conſequent pour bizarre ; ces gens là l’auroient querellé, veu l’extravagante maniere