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aux champs : quoy que de la condition dont il eſtoit, il euſt deu revenir des champs à la Ville s’il y euſt eſté. Mais comme ſes reſolutions eſtoient ordinairement contraires à la raiſon & à la bien-ſeance, il ſortit d’Ecbatane quand tout le monde y revenoit. De ſorte que quand vous y paſſastes avec Ciaxare elle n’y eſtoit pas. Mais quand vous en fuſtes partis, pour aller commencer la guerre d’Aſſirie, il revint avec elles : ce ne fut touteſfois pas pour la mieux traiter qu’à l’ordinaire : & elle veſcut encore de la meſme façon que je vous ay dit, juſques à ce que l’on sçeut qu’Aglatidas avoit eſté joindre l’Armée ſur ſa route, ſans que l’on diſt d’où il venoit : & que l’on aprit en ſuite qu’il eſtoit fort bien auprès de vous, & par conſequent fort conſideré de Ciaxare. Cette nouvelle luy donna deux ſentimens fort contraires : car il fut bien aiſe de sçavoir de certitude qu’Aglatidas eſtoit loing d’Ecbatane : mais il ne fut pas ſi ſatisfait d’aprendre l’honneur que le Roy & vous luy faiſiez. Si bien que comme toutes les nouvelles qui venoient de l’Armée, parloient advantageuſement de ſa valeur, Ameſtris n’oſoit plus s’informer des affaires generales, ny de la guerre : parce qu’il s’imaginoit qu’elle ne demandoit toutes ces choſes qu’afin qu’on luy parlaſt d’Aglatidas. Mais enfin, Seigneur, le gouverneur de la province des Ariſantins eſtant mort, il eut une envie eſtrange d’employer ſes Amis à demander ce Gouvernement là pour luy à Ciaxare ; à cauſe que tout le bien d’Ameſtris, qui eſt fort grand, eſt ſcitué dans cette province. Neantmoins comme il sçeut que l’on n’obtenoit plus rien du Roy que par voſtre moyen, il ne voulut pas avoir recours à une perſonne qu’Aglatidas