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que peut-eſtre cette Reine, à ce qu’ils creurent, pourroit elle ſervir à quelque choſe, puis que le Roy ſon Mary eſtoit dans le Party ennemy. Cette reſolution eſtant priſe, & approuvée par le Roy d’Aſſirie qui s’y trouva, Cyrus s’en retourna au Camp : où il ne fut pas ſi toſt, que Feraulas y arriva, auſſi bien que celuy que le Roy d’Aſſirie avoit envoyé à Epheſe. Mais ils raporterent tous deux, qu’il leur avoit eſté impoſſible d’imaginer les voyes de faire tenir une Lettre à la Princeſſe Mandane. Ils voulurent alors raconter tout ce qui s’y eſtoit paſſé, comme y eſtans arrivez le lendemain : mais aprenant qu’on sçavoit tout ce qu’ils vouloient dire, ils ſe contenterent d’aprendre à ceux qui les écoutoient, de quelle façon on gardoit preſentement & le Temple, & la Ville. Ils dirent donc, que non ſeulement tout ce qu’il y avoit de gens de guerre eſtoient touſjours ſous les armes ; mais qu’une partie des Bourgeois y eſtoient auſſi. Que l’on avoit envoyé de nouveau à Creſus pour recevoir ſes ordres : que le Roy de Pont ſe portoit mieux : qu’il couroit dans Epheſe une Prediction de la Sibile Heleſpontique, qui y faiſoit un grand bruit, & que perſonne ne pouvoit pourtant entendre ; parce qu’elle ſe pouvoit expliquer de deux façons. Que comme cette Femme eſtoit une perſonne admirable en ſes propheties, & qui ne s’y trompoit jamais ; toute la Ville d’Epheſe ne sçavoit ſi elle devoit ſe réjoüir ou s’affliger : à cauſe que cette Prediction luy promettoit un grand bonheur, ou la menaçoit d’une grande infortune. Feraulas & cét autre homme dirent qu’ils, avoient fait l’un & l’autre tout ce qu’ils avoient pû, pour avoir cette Prediction ; mais qu’eſtant Eſtrangers on n’avoit pas voulu