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alla juſques au point, qu’en effet elle s’ouvrit : & je vy la Princeſſe Palmis qui vouloit faire paſſer devant elle une Perſonne d’une beauté admirable, que je crois eſtre la Princeſſe Mandane, & que je ne fis qu’entre-voir. Car comme ces Princeſſes alloient ſortir ; que nous avancions déja pour les recevoir ; & que le Chariot recula un pas afin qu’elles marchaſſent moins pour y entrer ; il ſortit d’une maiſon qui eſt ſeule en cét endroit-là, plus de deux cens hommes armez, à la teſte deſquels eſtoit le Prince Arteſilas. Je vous laiſſe donc à penſer, quelle ſurprise fut celle de Cleandre, qui n’avoit ſongé qu’à ſe précautionner contre les efforts que pourroient faire les gens du Roy de Pont : lors qu’il ſe vit en teſte le Prince Arteſilas, qu’il croyoit eſtre auprès de Creſus. Mais ſi la ſurprise de Cleandre fut grande, celle d’Arteſilas ne fut pas petite ; de voir Cleandre l’épée à la main, qui ſe mit dés qu’il l’aperçeut entre luy & la porte du Temple. Cependant auſſi-toſt que la Princeſſe Palmis vit Arteſilas, elle recula, & fit r’entrer la Princeſſe Mandane comme elle : la porte de ce Temple fut à l’inſtant refermée : de ſorte que Cleandre ne pouvant plus delivrer ſa Princeſſe, & Arteſilas ne la pouvant plus enlever, comme il en avoit eu le deſſein : ces deux Rivaux furent l’un contre l’autre avec une fureur auſſi grande, que la paſſion qui les faiſoit agir eſtoit violente. Ils ſe dirent quelque choſe l’un à l’autre, mais à mon advis ils ne s’entendirent gueres : cependant tous nos gens diſpersez par diverſes Troupes, ſe raſſemblant autour de Cleandre, nous nous trouvaſmes en eſtat non ſeulement de reſister à Arteſilas, mais meſme de le vaincre : & en effet Cleandre combatit avec tant de