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quitter, je ne puis ſans doute vous voir partir ſans douleur. Madame, luy reſpondit-il en ſoupirant, la victoire eſt une choſe où je ne dois plus ſonger : & quand vous sçaurez ce que j’ay apris, depuis que je n’ay eu l’honneur de vous voir, je m’aſſure que vous ſerez de mon advis. Et quoy, luy dit elle, Cleandre, avez vous offert quelque Sacrifice qui n’ait pas eſté bien reçeu ; & les Dieux vous ont ils adverty par quelques ſinistres preſages, de quelque funeſte accident ? Les Dieux Madame, repliqua t’il, m’ont en apparence fait sçavoir la plus agreable nouvelle du monde : puis qu’enfin ils m’ont apris par une rencontre merveilleuſe, de quelle qualité je ſuis : & qu’ils ont meſme fait que c’eſt par voſtre moyen que je sçay ce que je dis. Mais au nom de ces meſmes Dieux, Madame, promettez moy que vous ne me haïrez pas, quand Vous sçaurez ma condition. La Princeſſe fort ſurprise du diſcours de Cleandre, ne sçavoit ce qu’elle y devoit reſpondre : neantmoins n’imaginant autre choſe, ſinon qu’il n’eſtoit pas d’une auſſi haute naiſſance qu’il l’avoit deſiré : elle luy reſpondit en ces termes, quoy qu’avec beaucoup d’inquietude & d’impatience. Comme voſtre vertu ſera touſjours également eſtimable, de quelque condition que vous ſoyez : je vous aſſure qu’elle ſera auſſi touſjours également eſtimée de moy : & que ſi la connoiſſance que j’auray de ce que vous eſtes, me fait changer ma forme de vivre avecques vous, elle ne changera du moins pas mon cœur. Apres cela Madame, luy dit-il, je ne craindray plus de vous dire, que je ſuis Fils du Roy…… Ha Cleandre, luy dit elle en l’interrompant, quel plaiſir avez vous pris à me mettre en peine ? & pourquoy avez vous voulu me faire acheter une ſi