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à la fois, que je ne puis sçavoir trop toſt cette verité, afin de me déterminer à la joye ou à la douleur. Seigneur, reprit Thimettes, je ne puis pas vous dire de ſi grandes choſes en peu de paroles : & la Couronne que je vous aporte, merite bien que vous me donniez un quart d’heure de patience.

Vous sçaurez donc, Seigneur, que le Roy voſtre Pere qui regne aujourd’huy ; & qui du vivant du feu Roy ſe nommoit le Prince Artamas, eſtant devenu éperduëment amoureux d’une Fille nommée Elſimene, qui eſtoit d’un Sang aſſez noble, & qui n’eſtoit pourtant pas Princeſſe : il fit tout ce qu’il pût pour l’engager à ſon affection. Mais comme cette perſonne ſe trouva eſtre auſſi vertueuſe que belle, quoy qu’elle fuſt la plus belle Perſonne de la haute & baſſe Phrigie : elle reſista avec beaucoup de fermeté à la paſſion du Prince ; luy diſant touſjours que tant que ſon amour ſeroit criminelle, il la trouveroit rigoureuſe. Je ne vous diray point, Seigneur, toutes les particularitez de cette amour : mais je vous diray ſeulement, que le Prince Tydée, Frere du Roy voſtre Pere, & du Prince Adraſte, qui a pery en cette Cour, & qui n’eſtoit qu’un Enfant en ce temps-là, fut ſon Rival ; & qu’ils ſe donnerent beaucoup de peine l’un à l’autre, cette Fille agiſſant touteſfois avec tant de prudence envers tous les deux, que ſa conduite eſtoit admirée de tout le monde. J’avois alors l’honneur d’eſtre fort aimé du Prince Artamas, & d’eſtre confident de ſa paſſion : & je me trouvay meſme un jour chez Elſimene, qui eſtoit d’Apamée, lors que ces deux illuſtres Rivaux y eſtoient : & lors que ſans leur déguiſer ſes ſentimens, elle leur dit que celuy qui ſeroit preferé, ſeroit ſans doute celuy qui commenceroit