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y avoit faites : avoit eu ſoing de s’informer de quelle Nation eſtoit un homme d’une valeur ſi extraordinaire. De ſorte que ceux à qui il avoit donné cette commiſſion, luy aprirent que l’on ne le sçavoit pas : & luy dirent en ſuitte comment il avoit fait delivrer le Roy de Pont, & comment la Princeſſe Mandane avoit penſé eſtre enlevée par un autre Eſtranger nommé Philidaſpe, que l’on ne connoiſſoit non plus qu’Artamene, & qui eſtoit auſſi extrémement brave : adjouſtant touteſfois à cela, que ce Philidaſpe s’eſtoit dit eſtre Fils de la Reine d’Aſſirie, par une Lettre qu’il avoit écrite à un homme de ſon intelligence, & que l’on avoit interceptée. Creſus ſans y penſer raconta tout ce que je viens de dire à la Princeſſe Palmis, comme une nouvelle agreable : luy parlant avecque beaucoup d’admiration de toutes les Grandes choſes qu’il avoit entendu dire de l’illuſtre Artamene. Auſſi toſt apres qu’il fut ſorty de chez la Princeſſe, Cleandre y arriva : & comme elle n’avoit l’eſprit remply que de ce que le Roy luy venoit de dire, elle en parla avecques luy : & luy demanda pluſieurs particularitez qu’elle n’avoit pas demandées au Roy : jugeant bien qu’il avoit eſté preſent lors que l’on avoit raconté cette merveilleuſe advanture à Creſus. Pour moy, diſoit-elle, j’aurois une extréme envie que ce Philidaſpe tout Fils de Roy qu’il ſe dit eſtre, fuſt puny de la violence qu’il a voulu faire, & je voudrois auſſi qu’Artamene tout inconnu qu’il eſt, fuſt recompenſé de ſa vertu. Il me ſemble, Madame, dit Cleandre, que je vous dois rendre grace pour luy : car outre que je ſuis amoureux de ſa gloire ; eſtant inconnu comme il l’eſt, il me ſemble, dis-je, que cette conformité me doit intereſſer