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répondit-il, que je ne sçauray donc jamais dequoy vous m’accuſez ? Non pas meſme ſi je vous accuſe, dit elle ; C’eſt pourquoy, Cleandre, cherchez dans voſtre cœur voſtre ſatisfaction, & non pas dans mes paroles. Si vous eſtes innocent, vivez en repos, car je ne fais jamais d’injuſtice : & ſi vous ne l’eſtes pas, repentez vous & vous corrigez. Mais quoy qu’il en toit n’en parlons plus : & ſoyez ſeulement aſſuré, qu’innocent ou coupable, je ſouhaite que vous me rameniez le Roy victorieux de ſes ennemis, & que voſtre gloire s’augmente de jour en jour. Comme je n’en auray jamais, repliqua-t’il, qui me toit ſi chere que celle de vous obeïr, commandez moy donc quelque choſe pour voſtre ſervice : C’eſt aſſez que je vous aye prié, luy répondit-elle, de prendre ſoin du Roy mon Pere, & du Prince mon Frere : ſi ce n’eſt que je vous conjure encore, de n’expoſer pas trop une perſonne qui leur eſt ſi chere que la voſtre. La Princeſſe ſe leva apres ces paroles : & Cleandre fut contraint de la quitter, ſans avoir eu la force de luy parler plus ouvertement de ſon amour. Neantmoins il avoit eu la conſolation en cette derniere viſite, d’avoir connu qu’elle sçavoit ſa paſſion : & de l’avoir pourtant trouvée un peu moins froide qu’à l’ordinaire.

Il partit donc avec un ſi violent deſir de mériter par ſes grandes Actions l’eſtime de cette Princeſſe : & de rendre ſa vie auſſi éclatante, que ſa naiſſance eſtoit obſcure ; qu’il ne faut pas s’eſtonner des belles choſes qu’il fit à la guerre d’Epheſe. Je ne vous diray point, Madame, tout ce qui s’y paſſa : car toute l’Aſie a sçeu qu’il y eut pluſieurs combats, dont Cleandre emporta toute la gloire : qu’en ſuitte il alla aſſieger Epheſe : & qu’encore