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reconnut pas plustost, qu’il nous cria autant qu’il pût, que nous nous arrestassions. Sa voix, que nous reconnusmes d’abord, nous ayant touchez également Megabise & moy, nous tournasmes la teste, & vismes Arbate l’espée à la main comme je l’ay dit : qui s’estant mis au milieu de nous pour nous separer, & sans descendre de cheval ; quelle fureur vous possede ? nous dit-il ; & quel nouveau sujet de querelle avez vous ensemble ? Il n’a pas tenu à moy, luy dis-je, mon cher Arbate, que je ne me sois pas battu contre Megabise : & les Dieux sçavent avec quelle repugnance j’y ay consenty. C’est donc vous Megabise, luy dit alors Arbate, qui sans considerer qu’Aglatidas est mon Amy, avez voulu le quereller en mon absence, contre ce que vous m’aviez tant promis ? C’est moy sans doute, luy repliqua-t’il, qui ay voulu voir Aglatidas l’espée à la main : & qui le verray dans le Tombeau, s’il ne m’y pousse le premier, ou s’il ne me cede Amestris. Arbate qui ne sçavoit pas l’estat où estoient les choses depuis son départ : & qui ne vouloit non plus, que Megabise possedast Amestris qu’Aglatidas ; nous regardant l’un & l’autre, vous estes des furieux, nous dit-il, qui avez perdu la raison : car enfin, poursuivit-il, je n’ay pas entendu dire, qu’Artambare veüille donner sa Fille, au plus vaillant de tous ceux qui la servent : c’est pourquoy au lieu de vous battre inutilement, allez la luy demander tous deux : & celuy auquel il l’accordera, en demeurera paisible possesseur. Ha mon cher Arbate, luy dis-je, vous avez prononcé en ma faveur sans y penser : car Artambare m’a promis de me donner Amestris. Ouy, adjousta Megabise, & le Roy y a consenti : jugez apres cela, luy dit-il encore, si j’ay tort de me battre