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Scène VI.

ELVINA, CONSTANCE.
(Constance entre avec vivacité, et affecte un air très révolu.)
CONSTANCE.

C’est vous, mademoiselle ; on me permet de vous voir un instant, et je m’empresse d’en profiter. Une autre trouverait peut-être ma démarche extraordinaire ; mais je sais que vous ne tenez pas aux formes de la politesse… c’est comme moi.

ELVINA, la regardant.

Comment !

CONSTANCE, du même ton.

Oui, l’on m’a parlé de vous, de votre caractère… On dit qu’il est inflexible, impétueux… Je sais que vous êtes au-dessus des faiblesses de notre sexe, c’est très bien, c’est ce qu’il me faut, c’est comme moi.

ELVINA, toujours plus étonnée.

Mais, madame…

CONSTANCE.

Je suis prisonnière comme vous et votre voisine.

ELVINA.

Serait-ce vous que je viens d’entendre ?

CONSTANCE.

Oui, j’ai cultivé jadis les arts, la musique, la danse… mais ne croyez pas que je mette la moindre importance… Je pense comme vous… À quoi cela mène-t-il ? à plaire… Vous n’y tenez pas, ni moi non plus. (D’un ton marqué.) Nous sommes opprimées… le mal-