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ELVINA.

Mais, monsieur, quand je vous répète que c’est moi seule, oui, moi seule…

LE GOUVERNEUR.

Impossible, il a tout avoué.

ELVINA.
Air du vaudeville de Turenne.

Monsieur, c’était à ma prière ;
Son cœur a craint de m’affliger.

LE GOUVERNEUR.

C’est un crime, et de votre père
Vous, n’auriez pas dû l’exiger.

L’honneur toujours régna dans la famille :

Et j’étais bien loin de prévoir
Que s’il dût manquer au devoir,
Ce fût à la voix de sa fille.


En attendant, cependant, je ferai tout pour adoucir son sort et le vôtre. Vous verrez d’abord votre père chez moi ; j’y réunis souvent, dans de petites fêtes, les prisonniers qui sont, par leur conduite, dignes de ces faveurs. Le matin, je vous permettrai de passer quelques heures avec le baron. (Avec intention.) Vous avez sans doute des talens agréables, vous pourrez calmer l’ennui de sa position, en faisant de la musique, des lectures… ma bibliothèque est très variée ; je possède une harpe, un clavecin.

ELVINA, avec humeur.

C’est charmant, monsieur, c’est charmant.

LE GOUVERNEUR, lui montrant une porte.

Vous voyez votre appartement ; je vous laisse.