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Hélas ! je comptais sur sa main ;
J’attendis toute la soirée.
Il me fuit, il me tient rigueur ;
C’est en vain que je le réclame :
Enfin je ne suis que sa sœur,
Et l’on me prendrait pour sa femme.


Aussi je viens le chercher pour le bal de ce soir : car il est capable de m’avoir encore oubliée.

LE GOUVERNEUR.

T’oublier ? non ; mais comme ton frère est aux arrêts depuis trois jours, tu peux chercher un autre cavalier.

CONSTANCE.

Vous n’en faites jamais d’autres !… En vérité, mon oncle, cela n’a pas de nom ! me priver de mon frère ! moi qui n’ai que lui pour me conduire dans le monde en l’absence de mon mari !… Certainement je ne m’oppose pas à ce que vous mettiez Alfred aux arrêts : il le mérite, rien que pour son manque de parole de l’autre jour… mais arrangez-vous, au moins, pour que ses jours de prison ne tombent pas sur mes jours de bal. Que voulez-vous que je devienne ce soir ?

LE GOUVERNEUR.

Est-ce qu’on ne peut pas te dédommager de ce bal ? Si, par exemple, je t’engageais à passer la soirée avec moi ?

CONSTANCE.

Certainement, mon oncle, c’est fort agréable ; mais je suis priée pour dix walses, au moins. Je vous le demande, puis-je manquer à ma parole, à des engagemens sacrés ?