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LE BARON, l’interrompant.

Comment ! ma fille !

LE GOUVERNEUR, continuant l’air.

Moi qui chéris les périls et la gloire,
Selon mes goûts je viens d’être servi ;
Ah ! quel bonheur, chez toi l’on peut se croire
En pays ennemi !

LE BARON.

Eh bien, mon cher Forlis, tu vois la cause de tous mes chagrins.

LE GOUVERNEUR.

Oui, je sais bien… On m’a conté que son éducation… Mais, morbleu ! une bonne résolution ! Tu vas me dire que la tendresse, le cœur paternel… bah ! s’il fallait écouter tout ça ! moi, qui te parle, j’ai un neveu que je regarde comme un fils, charmant sujet, qui me fera damner, dont je suis fou.

LE BARON.

Tu as un neveu ?

LE GOUVERNEUR.

Des talens, de l’esprit, excellent militaire, que je mets aux arrêts tout comme un autre, et dans ce moment même, je le tiens sous clef pour certaine escapade.

LE BARON.

Comment ?

LE GOUVERNEUR.

Oh ! ce n’est pas un prisonnier d’état, c’est le mien, et c’est en sa faveur que j’ai fait une prison de cette tourelle que tu vois d’ici, et qui communique à mon appartement.