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ESTELLE.

Oui, sans doute ; mais c’est que je n’ose pas. Puisque vous avez parcouru la France, l’Espagne, et tant d’autres pays dont on n’a jamais entendu parler, dites-moi, monsieur, vous n’auriez pas rencontré, dans le cours de vos voyages, un jeune bachelier nommé Pédrille, qui est sorti du pays pour aller chercher fortune.

ROBERT.

Pédrille ! non vraiment ; et j’en suis désolé, car je comprends… c’était un amoureux.

ESTELLE.
AIR de Coraly (d’Amédée de Beauplan).

C’était l’ami de mon enfance,
Je l’aimais comme mon cousin ;
Il partit, et par son absence
Il nous causa bien du chagrin.
Loin de nous, et dans la détresse,
On dit qu’il a fini ses jours.
Depuis six ans, je veux sans cesse
L’oublier (bis), et j’y pense toujours.

Mon cœur plus docile et plus sage
Pourtant y serait parvenu :
Mais d’puis qu’il s’agit d’ mariage.
Je crois que ça m’est revenu.
Plus mon futur me parle de sa flamme,
Plus j’ pense à mes premiers amours.
Et lorsqu’hélas ! je s’rai sa femme,
Je le vois (bis), j’y penserai toujours.

ROBERT.

Je m’en étais douté. Pourquoi alors épouser ce seigneur Gregorio ?