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l’autre semaine, par reconnaissance, et pour l’agrément de nos auditeurs, je m’avise de leur faire quelques expériences de physique, attendu qu’on a des connaissances dans cette partie-là ; j’écris donc sur la muraille en lettres de feu : Honneur au docteur Gaspard, avec du phosphore.

PÉDRILLE.

Du phos… fort… Qu’est-ce que c’est que ça, camarade ?

GASPARD.

Il ne sait pas ce que c’est ! Un soldat qui a couru le monde, et qui revient de la bataille de Pavie. Étonnez-vous donc, après cela, que de simples paysans… Ô siècle ignorant et barbare ! Pour revenir à notre affaire, pendant mon illumination, mon ami Robert, qui a eu l’honneur d’être ventriloque, leur donnait un échantillon de ses talens : sa voix avait l’air de sortir du plafond, et de dessous terre, ou du milieu de l’auditoire, qui, au lieu de s’amuser, s’est avisé d’avoir peur. Ils sont tous frappés d’épouvante ; et le lendemain, nous étions signalés comme des cabalistes, des illuminés et des sorciers.

PÉDRILLE.

Vous avez pris la fuite ?…

ROBERT.

À pied, sur-le-champ, abandonnant notre équipage, et toutes nos richesses si légitimement acquises.

GASPARD.

Il le fallait bien… Le bûcher était déjà prêt, et