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PÉDRILLE.

Pour cela vous avez raison ; du moins depuis six ans que je l’ai quitté, je ne crois pas qu’il soit changé.

ROBERT.

Vous avez sans doute ici des parens ?

PÉDRILLE.

Aucuns.

GASPARD.

Des amis ?

PÉDRILLE.

Vous êtes les seuls ; et pourtant en y entrant, en respirant l’air du pays, j’ai éprouvé un bonheur…

ROBERT.

Eh bien, par exemple, est-il bon enfant !

GASPARD.

Est-il de son village ! Pour nous, mon garçon, notre pays, c’est où l’on nous reçoit bien ; notre patrie, c’est où nous gagnons de l’argent ; et dans ce moment nous sommes sans patrie. Il y a quelques jours cependant nous avions une belle voiture, un bon cheval, un habit doré et une trompette.

PÉDRILLE.

J’entends, vous êtes des docteurs empiriques.

GASPARD.

Comme vous dites, courant le monde et les aventures. Nous avons reçu, moi du moins, quelque éducation. (Montrant Robert.) Car lui est un ignorant, qui n’est charlatan que par routine ; moi, c’est par principes. J’ai étudié en France, dans les universités : écolier, j’en savais plus long que mes maîtres ; ils