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ELVINA.

Tout à l’heure, en revenant de la chasse, j’ai aperçu de ce château, à travers les barreaux d’une fenêtre, un prisonnier d’une physionomie si douce, si intéressante, que j’en ai été tout émue.

FRANCK.

Elle vous a un si bon cœur.

ELVINA.

Mais, ce qui va bien t’étonner, c’est que j’ai cru reconnaître le jeune homme que j’avais secouru dans le bois.

FRANCK.

Qui ? cet officier poursuivi par des gardes-chasses, et à qui, sans toi, on aurait fait un mauvais parti ?

ELVINA.

Lui-même. Il paraissait bien triste, bien malheureux. Ses regards, ses gestes, que je suivais de loin, imploraient ma pitié. Il allait peut-être s’expliquer ; mais il a disparu tout à coup, comme s’il craignait d’être surpris.

FRANCK.

Parbleu ! il m’intéresse aussi.

ELVINA.

N’est-ce pas ? Je suis sûre que c’est un garçon estimable.

FRANCK.

Très estimable. Un jeune homme d’une physionomie douce, qui rosse des gardes-chasses et qui se fait mettre en prison.... Je n’en faisais pas d’autres, moi.