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FRÉDÉRIC.

Au revoir.

(Il sort.)

Scène X.

REYNOLDS, seul.

S’attaquer à l’Université !… il croit donc que parce qu’on est savant, parce qu’on sait le grec et le latin, on n’a ni âme, ni courage !… à cette idée seule, le sang m’est remonté vers le cœur, et me bout dans les veines, comme à dix-huit ans… jamais je n’ai eu plus de force, plus d’existence… Le docteur a raison ; j’avais besoin de distractions… un mariage… un duel… cela m’était nécessaire ; et puis me battre pour elle, comme un jeune homme, c’est bien… ça fait plaisir… je combattrai pro aris et focis, pour mes foyers, pour ma femme, pour mes enfans. (S’arrêtant et réfléchissant.) Ah ! diable !… mes enfans, je n’en ai pas encore… et ma femme, cette chère Hélène !… si j’étais tué, je ne pourrais pas l’épouser !… et mes travaux commencés, et mon grand ouvrage, il ne sera donc pas terminé… ah ! je sens toute ma résolution qui m’abandonne… et ce pauvre docteur qui m’avait ordonné tout cela pour ma santé !… Allons, allons, chassons ces idées-là… et comme il faut tout prévoir, ne sortons pas de ce monde comme un étourdi, et sans mettre un peu d’ordre dans mes affaires.

(Il va s’asseoir à la table et écrit.)