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SCHULTZ.

Et c’est à ce sujet qu’il faut s’entendre : quand vous étiez le cadet d’une noble et illustre maison, quand les honneurs, la fortune, la tendresse paternelle étaient exclusivement réservés à vos aînés, et qu’on ne vous offrait pour tout avenir qu’une place obscure dans le fond d’un cloître, je conçois que, froissé d’une injuste préférence, vous ayez abandonné patrie et parens, pour vous livrer à l’étude, pour vous réfugier ici, à un quatrième étage, et ne rien devoir qu’à vous-même et à votre travail : c’était bien, c’était noble ; je vous ai toujours approuvé et défendu. Mais maintenant que la mort de votre dernier frère vous laisse un beau titre et un immense héritage, votre nouvelle fortune vous impose de nouveaux devoirs, et le comte de Frankeinsten ne peut plus vivre comme le faisait le professeur Reynolds.

REYNOLDS.

C’est-à-dire, docteur, que pour vous faire plaisir, il faut que je renonce à mes goûts, à mes habitudes, à mon bonheur.

SCHULTZ.

Non pas y renoncer ; mais l’arranger autrement… Vous ne voudrez point passer pour un avare.

REYNOLDS.

Non, sans doute… J’achèterai des livres, de belles éditions, des manuscrits… Je fonderai des prix dans les universités, des chaires pour les savans, des pensions pour les vieux professeurs, et je dirai à chacun d’eux en leur tendant la main :