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j’ai demandé pour vous, à mon onde, cette place de recteur.

REYNOLDS.

Pour moi ! oh ! je vous remercie, gardez-la.

HÉLÈNE.

Vous me refusez ?

REYNOLDS.

Elle peut être nécessaire à d’autres, et moi je n’en ai pas besoin ; mes manuscrits, mes travaux, voilà mon être, mon existence, et tout ce qui pourrait m’en distraire, même pour me rendre heureux, me paraîtrait le plus grand des malheurs ; je mourrai ici, la plume à la main, et au milieu de mes livres ; comme le guerrier sur le champ de bataille ! mort moins glorieuse, mais aussi utile, peut-être ! J’ai là… (Portant la main à son front.) là, un ouvrage qui m’usera avant le temps, mais qu’importe !


Air : Un jeune Grec.

A-t-il vécu ? celui qui, plein de jours,
Ne laisse rien qu’un souvenir stérile ?
Mais de sa vie en abrégeant le cours,
À tous les siens, s’il sait se rendre utile,
Si ses écrits brûlant d’un feu nouveau,
Ont éclairé son pays qu’il honore,
Que de ses jours s’éteigne le flambeau,
Il ne meurt pas, et bravant le tombeau,
Par ses bienfaits il vit encore.

HÉLÈNE.

Ah ! monsieur Reynolds, ne parlez pas ainsi.

REYNOLDS.

Cet ouvrage-là, Hélène, vous le lirez après moi ; je n’en ai encore écrit que deux volumes, et il y en