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la belle poésie de Goethe ou de Klopstock ; et il me semble que ce jour-là, je me porte mieux.

HÉLÈNE, vivement.

Oh ! je viendrai tous les jours.

REYNOLDS.

Je n’osais pas vous le proposer.

HÉLÈNE.

Par malheur, ce ne sera que dans bien long-temps ; car je vais partir pour trois mois, monsieur Reynolds.

REYNOLDS.

Partir ! et pourquoi donc ?… négliger vos leçons, vos études !…

HÉLÈNE

Il le faut ; c’est un voyage que je vais faire tous les ans, chez un oncle dont je suis l’unique héritière, et qui est très riche.

REYNOLDS.

Qu’importe la richesse, auprès de la science ?

HÉLÈNE.

Sans doute ; mais ma mère qui tient peu à la science, et beaucoup à la fortune, n’a d’autre bien que cette petite maison où nous demeurons ; et pour ne pas se brouiller avec mon oncle, elle m’envoie passer trois mois à sa campagne : je pars ce matin, et je viens vous faire mes adieux.

REYNOLDS.

Trois mois ! c’est bien long ; vous oublierez ce que vous savez, vous m’oublierez peut-être aussi.

HÉLÈNE.

Oh ! non, ne le croyez pas, car cette année-ci ce voyage me fait une peine, et surtout une frayeur…