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REYNOLDS.

Vraiment !… c’est singulier ! (Lui donnant son livre.) Tiens, prends ce livre, porte-le dans ma chambre, sur ma cheminée ; là, tout ouvert ; ne le ferme pas, car pour retrouver ce passage-là, il faudrait encore feuilleter tout le volume.

HANTZ, emportant le livre tout ouvert.

Oui, monsieur !… (à part en s’en allant.) Quels caractères diaboliques !… se peut-il qu’un chrétien vive de cela !…

(Il entre dans la chambre de Reynolds.)

Scène III.

HÉLÈNE, REYNOLDS.
REYNOLDS.

Ma tête est si lourde, si fatiguée…

HÉLÈNE.

Que si vous n’y prenez garde, vous perdrez la mémoire.

REYNOLDS.

Jamais, jamais je n’oublierai ce que je vous doit ; je souffrais tant, je ne savais plus où j’étais ; mes livres, mon grand ouvrage, mon ouvrage commencé, j’avais tout oublié, je ne pensais plus, j’allais mourir.


Air : Muse des Rois.

Un froid mortel, une langueur étrange,
Glaçaient mes sens !… et quand j’ouvris les yeux,
À mes côtés apercevant un ange,
Je me suis cru transporté dans les cieux.