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pour quelques jours de loyer qu’elle devait déjà… Dame… vous jugez bien…

LE MARQUIS.

Que tu as payé pour elle ?

MARGUERITE.

Certainement ! ce qui nous a liées ensemble… Orpheline, sans fortune, on la destinait au couvent… qui ne lui plaisait guère, et le jour même où elle devait y entrer, elle rencontra un jeune et honnête gentilhomme de bonne maison… Il fallait que ce fût écrit là-haut… car du premier coup d’œil tous les deux s’aiment, s’adorent, jurent de ne jamais se réparer…

LE MARQUIS, à part.

Ah ! mon Dieu !

MARGUERITE.

Et de partir pour Paris.

LE MARQUIS.

Ensemble ?

MARGUERITE.

Non ; elle-était arrivée la première avec six livres tournois dans sa poche, et il y a deux ou trois jours j’entends rire et chanter dans la mansarde… c’était lui.

LE MARQUIS.

Qui, lui ?

MARGUERITE.

Le chevalier, son frère, son ami, que sa famille avait voulu retenir prisonnier, et qui s’était échappé aussi de sa province… un beau et grand cavalier, ma foi.

LE MARQUIS.

Et de son état, quel est-il ?

MARGUERITE.

Amoureux… comme un enragé !