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LE PIRATE


Tout en lui de la mer annonce les ravages.
Shakspeare. La Tempête.




CHAPITRE PREMIER.


La tempête a cessé ; déjà sur le rivage
Les flots en se brisant n’inspirent plus d’effroi.
Mais quelle voix, Thulé, s’écrie : — Est-ce pour toi
Que j’ai brûlé ma harpe en ce climat sauvage ?
Magniel


Cette île longue, étroite, irrégulière, la Thulé des anciens, vulgairement appelée Main-Land, c’est-à-dire le continent des îles Shetland, parce qu’elle est la plus grande de cet archipel, se termine par un rocher d’une hauteur effrayante, et nommé le cap de Sumburgh. Il oppose sa tête nue et ses flancs stériles aux efforts d’un courant terrible, et forme l’extrémité de l’île du côté du sud-est. Du côté de la terre, il est couvert d’un gazon très court, et descend par une pente rapide jusqu’à un petit isthme dans lequel la mer a creusé des criques, qui, s’avançant de chaque côté, semblent tendre progressivement à se réunir, et à faire une île de ce cap qui deviendra alors un rocher solitaire.

Dans les anciens temps, on regardait cet événement comme invraisemblable ou fort éloigné, car un chef norvégien, ou, suivant d’autres traditions et comme le nom d’Iarlshof[1] semble l’indiquer, un ancien comte des Orcades, avait choisi cette langue de terre pour y construire son château, château abandonné depuis longtemps. Ce n’est qu’avec difficulté qu’on peut en distinguer quelques vestiges, les sables mouvants, enlevés par les ouragans de ces parages féconds en tempêtes, en ayant couvert et presque enterré les restes : mais à la fin du dix-septième siècle une partie

  1. Iarlshof, baie du comte.