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pour leur administrer une volée de remontrances catholiques. Nous qui ne prenons point ces licences sacrées, nous engageons simplement le Révérend Père, dans son intérêt, à élire un domicile fixe. Il est dangereux de voguer au hasard par les rues. On se trompe de porte, on entre écrire ses morceaux de science au séminaire et ses morceaux de foi à l’École polytechnique.

Ce n’est pas que cette méprise soit toujours funeste. Notre auteur lui-même sera une preuve du contraire. Ses hallucinations médico-dévotes lui vaudront au moins deux fauteuils. Je ne puis pas lui en promettre un à l’Académie de médecine ; elle me ferait un procès en diffamation. Mais, à coup sûr, le charabia du saint homme enfoncera les portes de l’ex-Académie française, et son radotage celles de l’Académie dite politique et morale.

Deux fauteuils, c’est même bien peu. L’Académie des Sciences s’empressera sans doute de lui en offrir un troisième, pour cause d’astronomie.

Or donc, maintenant que le Père Gratry, bien confessé, est assis à l’aise entre ses trois fauteuils… sur le plancher des vaches, on peut lui verser sur la tête en toute conscience la formule sacramentelle de l’absolution :

« Allez, ne péchez plus. Ne courez jamais deux lièvres à la fois, ne prenez point de thé chez Mme Gibou et n’oubliez mie le pèlerinage de Jérusalem. Au nom du père, du fils et du saint-esprit, je vous proclame un grand innocent. Ainsi soit-il ! »

Candide, nos 6, 7 et 8 (1865).


Libre-Pensée, nos 13, 14, 15, 16 (16-23 avril et 7 mai 1870).