Page:Schwob - Mœurs des diurnales, 1903.djvu/189

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


DE LA LECTURE


Joseph Scaliger dit dans les Scaligerana : « Monsieur l’Ambassadeur (du roi de France, M. de Buzenval) lit ses livres sans être reliés pour la plupart, comme faisoit Turnèbe, et estudioit couché sur le ventre à terre. Ego non soleo legere libros nisi compactos. » Voyez du rat de bibliothèque. Et cet autre, qui écrit : « Le plus haut plaisir du lecteur, comme de l’auteur, est un plaisir d’hypocrite qui essaie de jouer les personnages qu’il s’imagine… Le vrai lecteur construit presque autant que l’auteur : seulement il bâtit entre les lignes. Celui qui ne sait pas lire dans le blanc des pages ne sera jamais bon gourmet de livres. » Ah, l’amateur Tartufe, le petit Jésuite ! Et plus loin : « Lire dans son lit est un plaisir de sécurité mêlée de bien-être.