Page:Schwob - Mœurs des diurnales, 1903.djvu/173

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


DU BON GOÛT


Le bon goût peut être commis à votre tact et à votre discrétion, selon le public qui doit vous lire. On ne saurait, à cet égard, vous marquer nul précepte général. La plaisanterie qui distrait le lecteur habituel du Temps ou des Débats n’est point la même que celle qui fait rire celui qui achète l’Intransigeant ou la Libre Parole. Gardez en mémoire ce que La Bruyère écrit de Rabelais : « Où il est mauvais, il passe bien loin au delà du pire, c’est le charme de la canaille : où il est bon il va jusques à l’exquis et à l’excellent : il peut être le mets des plus délicats. » C’est à vous d’apprécier l’espèce des gens à qui vous vous adressez ; car le public qui lit les journaux va du délicat à la canaille. Le conseil serait ridicule d’imiter Rabelais. D’abord,