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Le Fort


L’ennui et la terreur étaient devenus extrêmes. Partout on entendait l’éternel rebondissement métallique des éclats d’obus ; et le chant plaintif des ogives rompues dans l’air, comme un son incertain de harpes éoliennes, glaçait les os. Tout était dans la nuit : une profonde obscurité coupée seulement par le noir plus opaque des couloirs, des voussures et des entrées de caponnières. On était averti qu’il y avait au-dessus de vous des prises d’air ou des trous en soupirail par le tintement des plaques blindées. Les hautes calottes des voûtes avaient une clef à quadruple chanfrein, — et le long des arêtes, de temps en temps, une ampoule faiblement lumineuse éclairait la commissure croisée de trois pierres — parce que les piles ne marchaient presque plus. Dans les