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Le Conte des œufs


Pour passer plaisamment les quarante jours du Carême depuis le Mercredi des Cendres jusqu’au Dimanche de Pâques.


Il était une fois un bon petit roi (n’en cherchez plus — l’espèce est perdue) qui laissait son peuple vivre à sa guise : il croyait que c’était un bon moyen de le rendre heureux. Et lui-même vivait à la sienne, pieux, débonnaire, n’écoutant jamais ses ministres, puisqu’il n’en avait pas, et tenant conseil seulement avec son cuisinier, homme d’un grand mérite, et avec un vieux magicien qui lui tirait les cartes pour le désennuyer. Il mangeait peu, mais bien ; ses sujets faisaient de même ; rien ne troublait leur sérénité ; chacun était libre de couper son blé en herbe, de le laisser mûrir, ou de garder le grain pour les prochaines semailles.