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lente en prolongement de son habit, me proposa d’évoquer quelques-unes de mes connaissances. J’acceptai, et, me dirigeant vers la table, je demandai à haute voix si Gerson était présent.

Il y eut un chuchotement parmi les membres du Cercle. M. Médium me regarda fixement, et je crus voir qu’on demandait des renseignements à mon camarade.

« Nous ne savons, me dit M. Médium, si M. Gerson sera libre ce soir. Vous êtes bien sûr qu’il est mort ?...

— Il doit être, répondis-je, dans la situation d’un chien noyé depuis plusieurs années au bord d’une rive désavantageuse, car le cimetière des Innocents n’était pas, à cette époque, en fort bon état. »

Les amis de M. Médium et M. Médium lui-même parurent surpris. Mon camarade me demanda si ce n’était pas Ivry que je voulais dire.

« Peut-être que c’est Ivry, peut-être que c’est le Père-Lachaise, — je n’en sais rien, dis-je. Il doit connaître cela mieux que moi. Je ne suis pas de première force sur la topographie de Paris. »

M. Médium s’assit, planta son crayon debout sur le carnet, tandis que nous restions muets autour de lui. Puis, tout à coup, il fut pris d’une danse de Saint-Guy et son crayon fournit l’assortiment de signes le plus hétéroclite que j’aie jamais vu. Il considéra ce grimoire et déclara que les Esprits étaient allés chercher M. Gerson, qui viendrait bientôt en personne spirituelle.