Celui-là, au contraire, qui tient de ses parents une fortune suffisante pour vivre sera d’ordinaire récalcitrant ; il est habitué à marcher tête levée ; il n’a pas appris tous ces tours de souplesse ; peut-être même s’avise-t-il de se prévaloir de certains talents qu’il possède et dont il devrait plutôt comprendre l’insuffisance en face de ce qui se passe avec le médiocre et rampant[1] ; il est capable aussi de remarquer l’infériorité de ceux qui sont placés au-dessus de lui, et enfin, quand les choses en arrivent à être indignes, il devient rétif et ombrageux. On ne se pousse pas avec cela dans le monde, et il pourra lui arriver finalement de dire avec cet impudent Voltaire : « Nous n’avons que deux jours à vivre ; ce n’est pas la peine de les passer à ramper sous des coquins méprisables. » Malheureusement, soit dit en passant, coquin méprisable est un attribut pour lequel il existe diantrement de sujets dans ce monde. Nous pouvons donc voir que ce que dit Juvénal :
Haud facile emergunt, quorum virtutibus obstat
Res angusta domi.
(Sat. II, v. 164.)
(Difficilement le mérite se fait jour, quand il est aux prises avec le besoin.) — (Trad. éd. Dubochet.)
s’applique plutôt à la carrière des gens éminents qu’à celle des gens du
monde.
Parmi les choses que l’on possède, je n’ai pas compté
- ↑ En français dans l’original.