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grands et difficiles problèmes traitant des choses générales et universelles, celui-là fera bien d’une part d’élargir le plus possible son horizon, mais d’autre part il devra l’étendre également dans toutes les directions, sans s’égarer trop profondément dans quelqu’une de ces régions plus spéciales, connues seulement de peu d’individus ; en d’autres mots, sans pénétrer trop avant dans les détails spéciaux d’une seule science, et bien moins encore faire de la micrologie, dans quelque branche que ce soit. Car il n’a pas besoin de s’adonner aux choses difficilement accessibles pour échapper à la foule des concurrents ; ce qui est à la portée de tous lui fournira précisément matière à des combinaisons neuves, importantes et vraies. Mais, par là même, son mérite pourra être apprécié par tous ceux qui connaissent les données, et c’est la plus grande partie du genre humain. Voilà la raison de l’immense différence entre la gloire réservée aux poètes et aux philosophes et celle accessible aux physiciens, chimistes, anatomistes, minéralogues, zoologues, philologues, historiens et autres.