Page:Schopenhauer - Aphorismes sur la sagesse dans la vie, 1880, trad. Cantacuzène.djvu/14

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une question à laquelle on sait que j’ai répondu par la négative dans ma Philosophie ; l’eudémonologie, au contraire, présuppose une réponse affirmative. Celle-ci, en effet, repose sur cette erreur innée que j’ai combattue au commencement du chapitre xlix, vol. II, de mon grand ouvrage[1]. Par conséquent, pour pouvoir néanmoins traiter la question, j’ai dû m’éloigner entièrement du point de vue élevé, métaphysique et moral auquel conduit ma véritable philosophie. Tous les développements qui vont suivre sont donc fondés, dans une certaine mesure, sur un accommodement, en ce sens qu’ils se placent au point de vue habituel, empirique et en conservent l’erreur. Leur valeur aussi ne peut être que conditionnelle, du moment que le mot d’eudémonologie n’est lui-même qu’un euphémisme. Ils n’ont en outre aucune prétention à être complets, soit parce que le thème est inépuisable, soit parce que j’aurais dû répéter ce que d’autres ont déjà dit.

Je ne me rappelle que le livre de Cardan : De utilitate ex adversis capienda, ouvrage digne d’être lu, qui traite de la même matière que les présents aphorismes ; il pourra servir à compléter ce que

  1. Schopenhauer entend par son grand ouvrage son traité intitulé : Die Welt als Wille und Vorstellung (Le monde comme volonté et représentation).