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si avantageuse pour la partie adverse, contracte l’obligation de veiller désormais à ce qu’on respecte la capitulation, afin que ce pacte lui-même ne vienne à perdre de sa solidité si l’on prenait l’habitude de ne le garder que négligemment ; il ne faut pas que les hommes, après avoir tout livré, arrivent à ne pas même être assurés de l’unique chose qu’ils ont stipulée en retour ; savoir la possession exclusive de l’épouse. L’honneur du mari exige alors qu’il venge l’adultère de sa femme, et le punisse au moins par la séparation. S’il le supporte, bien qu’il en ait connaissance, la communauté masculine le couvre de honte ; mais celle-ci n’est, à beaucoup près, pas aussi pénétrante que celle de la femme qui a perdu son honneur sexuel. Elle est, tout au plus, une levioris notæ macula (une souillure de moindre importance), car les relations sexuelles sont une affaire secondaire pour l’homme, vu la multiplicité et l’importance de ses autres relations. Les deux grands poètes dramatiques des temps modernes ont chacun pris deux fois pour sujet cet honneur masculin : Shakespeare dans Othello et le Conte d’une nuit d’hiver et Calderon dans El medico de su honora (Le médecin de son honneur) et dans A secreto agravio secreta venganza (À outrage secret, secrète vengeance). Du reste, cet honneur ne demande que le châtiment de la femme et non celui de l’amant ; la punition de ce dernier n’est que opus supererogationis (par-dessus le marché) ce qui confirme bien que son origine est dans « l’esprit de corps » des maris.