Page:Schopenhauer - Aphorismes sur la sagesse dans la vie, 1880, trad. Cantacuzène.djvu/101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

manifeste par des titres, par des décorations, etc., devra s’élever, et l’humilité dans la conduite des autres envers lui s’accentuer progressivement. C’est la position d’un homme qui détermine constamment, mesuré à la même échelle, le degré particulier d’honneur qui lui est dû ; ce degré peut néanmoins être modifié par la facilité plus ou moins grande des masses à comprendre l’importance de cette position. Mais on attribuera toujours plus d’honneur à celui qui a des obligations toutes spéciales à remplir, comme celles d’une fonction, par exemple, qu’au simple bourgeois dont l’honneur repose principalement sur des qualités négatives.

L’honneur de la fonction exige, en outre, que celui qui occupe une charge la fasse respecter, à cause de ses collègues et de ses successeurs ; pour y parvenir, il doit, comme nous l’avons dit, s’acquitter ponctuellement de ses devoirs ; mais, de plus, il ne doit laisser impunie aucune attaque contre le poste ou contre lui-même, en tant que fonctionnaire : il ne permettra donc jamais qu’on vienne dire qu’il ne remplit pas scrupuleusement les devoirs de sa fonction, ou que celle-ci n’est d’aucune utilité pour le pays ; il devra, au contraire, en faisant châtier le coupable par les tribunaux, prouver que ces attaques étaient injustes.

Comme sous-ordres de cet honneur, nous trouvons celui de l’employé, du médecin, de l’avocat, de tout professeur public, de tout gradué même, bref, de quiconque, en vertu d’une déclaration officielle, a été proclamé capable de quelque travail intellectuel et qui, par là même, s’est obligé à l’exécuter ; en un mot, l’honneur en cette qualité