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math de Moab[1], divinité qui personnifiait, comme on le voit suffisamment déjà par ses attributs et son attitude[2], les forces toutes physiques que représentent le phallus et la yoni[3]. En Grèce, on promenait le phallus triomphalement (πομπὴ τοῦ φαλλοῦ)[4] au printemps, avec des chants spéciaux, porté en érection, comme ithyphalle, derrière la jeune fille canéphore, ainsi que nous le lisons dans les Acharniens[5] ; et le grave Plutarque atteste cet usage en le regrettant[6]. On y allait en effet gaîment, plebeio more et hilari agebatur, et dans ces phallogogies étaient phallophores, officiels ou bénévoles, tous ceux qui chantaient le phallicon. Mais il y avait des villes entières qui étaient consacrées à Priape, comme par exemple Lampsaque sur l’Hellespont, dans la Troade, et peut-être aussi l’antique Sicyone. D’autres portèrent même son nom[7] ; et l’usage

  1. Cf. Schlottmann, dans Z. der D. M. G., XXVI, pl. ad p. 786.
  2. La colombe, l’uræus (serpent), les cornes et l’épi de blé. Cf. de Vogüé, Stèle de Yehawmelek, dans Comptes-rendus de l’Acad. des Inscr., 1875, p. 44 sqq.
  3. Jérôme (v. Comment, in Hoseam IV) l’appelle simulacrum Priapi.
  4. Hérodote, II, 49.
  5. Aristophanes, Acharnes, 243 : Τὸν φαλλὸν ὄρθον κτλ. ; 263 : Φαλῆς, ἑταίρε Βακχίου, κτλ. Dans les processions d’Éleusis, le droit de porter les ἀποῤῥητα était réservé aux jeunes filles, et encore fallait-il qu’elles fussent de bonne maison. (Thucydide, VI, 56.) Ces choses secrètes étaient la corbeille contenant des figues, symbole du sexe femelle. Cf. Suidas, s. v. Ἀρρηφορία.
  6. Plutarch., De cupiditate divitiarum, X : Nunc ea negliguntur et evanescunt, dit-il avec mélancolie.
  7. Plutarch., Lucullus, XIX ; Pline, Hist. nat., V, 40, 1. Le nom du roi Priam, qui, comme on sait, était fort prolifique, paraît aussi se rattacher à Priape. (V. Müllenhoff, D. Alt., p. 16.) Par contre, il n’y avait qu’une Parthénie ou Virginie, comme on nommait anciennement l’île de Samos. (Callimaque, Hymne à Délos, v. 49.) N’oublions cependant pas la ville de Parthénope, aujourd’hui Naples.