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auteur ajoute : « Au-dessus de son sçavoir, je voudrois mettre encore sa générosité, sa bonté et ses autres vertus qui n’avoient point leurs pareilles[1]. »

Les papiers et les livres de Mademoiselle de Gournay passèrent après sa mort aux mains de La Mothe le Vayer qui fut son ami fidèle et qu’elle chargea d’exécuter son testament. Sa volumineuse correspondance présentait le plus vif intérêt, si l’on en croit Naudé qui fut admis à la consulter. Hilarion de Coste[2] nous apprend qu’il y avait là des lettres de tous les personnages connus avec qui la demoiselle de Gournay avait échangé des compliments, des vues ou des renseignements. Il cite parmi ces correspondants des cardinaux, des évêques, des princes, des poètes, des magistrats, des savants et des guerriers. Du Perron, Bentivoglio, Richelieu, François de Sales, Henry-Louis de Chasteigner,

  1. On connaît le jugement, à la fois flatteur et sévère, que Sainte-Beuve porta sur l’amie de Montaigne dans une étude sur Madame de Verdelin, où il parle des admiratrices connues et inconnues des grands écrivains. Après avoir constaté l’isolement de Rabelais, qu’à son avis, aucune femme ne saurait aimer, il s’écrie : « Mais pour Montaigne, malgré ses taches légères et ses souillures, c’est bien différent : lui, il mérita de trouver sa fille d’alliance, une personne de mérite, une intelligence ferme, cette demoiselle de Gournay qui se voua à lui, fut sa digne héritière littéraire, son éditeur éclairé, mais qui elle-même, d’une trop forte complexion et d’une trop verte allure, finit par prendre du poil au menton en vieillissant et par devenir comme le gendarme rébarbatif et suranné de la vieille école et de toute la vieille littérature, – un grotesque, une antique. « (Nouveaux lundis, t. IX, p. 393-394).
  2. Hilarion de Coste, Les éloges et les vies des reynes, des princesses et des dames illustres en piété, en courage et en doctrine, qui ont fleury de nostre temps, et du temps de nos peres (Paris, 1647), t. II, p. 668-672.