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indigne, qui déjà, en essayant de transmettre les pensées du passé et du présent, entreprend quelque chose qu’il ne peut tenir ; » 3° Une transmission intelligente doit être accompagnée d’un jugement. S’il est impossible, sans les idées, de comprendre les découvertes d’autrui, à plus forte raison l’est-il de les apprécier. De là un enseignement purement historique ou descriptif, dépourvu de vie et d’intérêt, une exposition toute matérielle, des classifications artificielles. Rien de plus dénué d’esprit, rien qui tue l’esprit comme un semblable enseignement ; 4° La vraie destination de l’enseignement public, ce qui fait la supériorité de l’enseignement oral, c’est sa vertu génétique. Le maître doit, sur chaque point particulier de la science, engendrer la science entière, la faire naitre sous les yeux de l’élève. Ce qui suppose non seulement qu’il l’a lui-même apprise, mais la possède dans son esprit le plus intime et le plus vital.

Ces idées, en elles-mêmes, n’ont rien de neuf ; mais on ne peut nier que la rigueur philosophique, jointe à l’éclat du style, que nous ne pouvons reproduire, ne donnent à ce morceau une force qui en fait le mérite et l’originalité.

Quant à la destination morale des académies, elle ne doit pas, dit Schelling, être distinguée de leur destination scientifique. C’est ici, surtout, qu’il faut maintenir le principe établi plus haut, l’identité du savoir et de l’action. La société civile, l’État, ne saurait réaliser cet idéal, parce que la multiplicité des