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paroles, elle semble inviter d’elle-même à des considérations qui, en rappelant les objets d’un intérêt général et de l’ordre le plus élevé, réunissent les auditeurs dans la même pensée, comme ils sont confondus dans le sentiment patriotique du jour. Or, parmi les avantages dont nous sommes redevables aux princes de la terre, en est-il un plus grand que celui de nous procurer et de nous conserver la jouissance paisible de tout ce qui est en soi excellent et beau ? De sorte que nous ne pouvons songer à leurs bienfaits ni considérer la félicité publique sans qu’immédiatement notre esprit se reporte sur ce qui intéresse l’humanité tout entière. Aussi, qu’un grand ouvrage d’art, un véritable chef-d’œuvre des arts du dessin fût en ce moment, découvert et livré aux regards, ce spectacle ne contribuerait pas moins à l’éclat de cette fête que la joie commune. Puisse cet essai, qui a pour but de dévoiler l’essence de l’œuvre d’art, en général, et de le manifester, en quelque sorte, aux regards de l’esprit, paraître capable d’éveiller ce sentiment sympathique, en même temps qu’il répond au caractère de ce lieu uniquement consacré aux sciences.

Que n’a-t-on pas, depuis long-temps, senti, pensé et affirmé sur l’art ? Comment, dès lors, un discours pourrait-il espérer, devant une si digne assemblée des connaisseurs les plus éclairés et des juges les plus habiles, prêter un nouvel intérêt à un pareil sujet, si celui-ci ne dédaignait les ornements étrangers, et si