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Les systèmes de la philosophie allemande ont un avantage incontestable sur toutes les productions plus ou moins philosophiques auxquelles on a coutume, chez nous, de prodiguer ce nom : c’est que quels que soient leurs défauts, leurs erreurs, leur obscurité, ce sont de véritables systèmes. Prenez celui de Kant ou de Fichte, celui de Hegel ou de Schelling, vous reconnaîtrez sur-le-champ une idée qui l’a engendré tout entier, qui en est l’ame, le centre, et en fait l’unité : idée partout présente et partout féconde, d’où naissent la méthode, les divisions, les développements, les applications à toutes les branches des connaissances humaines, d’où rayonnent en tous sens des réponses bonnes ou mauvaises à tous les problêmes de la science. Ce système est non seulement un dans son ensemble et homogène dans ses parties, il est universel. Toutes les grandes questions sur la nature. Dieu, l’homme et leurs rapports, prennent place dans son cadre et s’y coordonnent d’elles-mêmes. On peut y signaler des vides, mais c’est plus encore la faute du philosophe que celle de son idée. S’il n’a pas abordé ou n’a fait qu’effleurer certains problêmes, le temps, la logique, les disciples se chargeront de réparer ces omissions et de combler ces lacunes. Comme ce système est universel et son principe d’une portée sans limites, son influence a été également universelle. Son apparition a produit un vif ébranlement sur les esprits ; son action s’est fait partout sentir, aux sciences, aux arts, à l’histoire. La littérature et la phi-