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La divinité du christianisme ne peut être nullement connue d’une manière médiate, mais seulement d’une manière immédiate et combinée avec le point de vue absolu de l’histoire. Aussi, entre autres idées, celle d’une révélation médiate, outre qu’elle n’a été imaginée que pour venir à l’appui d’une équivoque dans le langage, est entièrement inadmissible, parce qu’elle est entièrement empirique.

Ce qui, dans l’étude de la théologie, est réellement une simple affaire d’expérience, comme la manière critique et philologique de traiter les premiers livres chrétiens, doit être entièrement séparé de l’étude de la science en soi, de la science absolue. Les hautes idées ne peuvent avoir aucune influence sur leur interprétation. Celle-ci doit se faire indépendamment, comme pour tout autre auteur, quand on ne se demande pas si ce qu’il dit est conforme à la raison, historiquement ou religieusement vrai, mais s’il l’a réellement dit. D’un autre côté, que ces livres soient authentiques ou non, que les histoires qu’ils renferment soient réellement des faits incontestables, que leur contenu lui-même soit conforme à l’idée du christianisme, cela ne peut rien changera la réalité de celui-ci, puisqu’il est indépendant de ces particularités, puisqu’il est universel et absolu. Et déjà depuis longtemps, si on n’avait pas conçu le christianisme comme une manifestation purement temporelle, l’interprétation eût été dégagée de ses entraves ; de sorte que nous serions beaucoup plus avancés dans l’apprécia-