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bien grande finesse, seraient complètement perdues.

La consolation ordinaire qu’ils se donnent entre eux, dans le peu de succès de leurs avertissements et de leurs exhortations, c’est de se dire que la philosophie ne doit pas avoir une longue durée, qu’elle n’est qu’une affaire de mode, que cette mode n’ayant pas toujours existé, n’aura aussi qu’un temps ; que, d’ailleurs, tous les jours voient naitre de nouvelles philosophies, et autres choses semblables.

En ce qui concerne le premier point, ils se trouvent absolument dans le même cas que ce paysan qui, arrivé sur le bord d’un fleuve profond, s’imagine qu’il n’est grossi que par une pluie d’orage et attend qu’il se soit écoulé.

Rusticus excpectat dum defluat omnis ; at ille
Labitur et labetur in omne volubilis œvum.

Pour ce qui est du second point, le changement rapide des philosophies, ils ne sont pas capables de juger si ce qu’ils appellent ainsi ce sont réellement des philosophies différentes. Les changements apparents de la philosophie n’existent que pour les ignorants. De deux choses l’une : — Ou ces changements ne la concernent pas ; en effet, il existe, et même aujourd’hui, un assez grand nombre d’essais qui se donnent pour philosophiques et qui ne contiennent pas la moindre trace de philosophie ; mais précisément pour distinguer de la philosophie, ce qui se donne pour elle, sans l’être, il faut examiner, et comme ceux