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rie dans l’histoire de la peinture moderne. Il croit reconnaître, chez les grands maîtres qui ont porté chacun des degrés de l’art à sa perfection, cette succession de formes essentielles de l’art. Michel-Ange lui paraît le représentant de ce premier degré qu’il appelle le caractéristique, et qui compense le manque de douceur, de grâce et d’agrément, par l’expression de la force, par le sérieux, l’énergie et la profondeur. Avec Léonard de Vinci, l’art atteint à la grâce. L’ame sensible est le principe de la beauté qui se manifeste par la douceur des contours et des figures, par l’habile mélange du clair et de l’obscur ; l’esprit apparaît sous une forme corporelle et fait déjà pressentir l’ame. Le moment où le divin et l’humain, le ciel et la terre, la beauté morale et la grâce s’unissent dans le plus parfait équilibre, est marqué par Raphaël, moment unique, après lequel l’art ne pouvant plus se surpasser essaie encore une direction nouvelle par une prédominance accordée à l’ame, où la forme corporelle semble s’évanouir. Le Guide représente cette tendance dans quelques uns de ses chefs-d’œuvre.

Les destinées de l’art sont-elles achevées, ou peut-on lui présager un nouvel avenir ? Quelles seraient les conditions de cette renaissance ? Schelling jette, en terminant, quelques réflexions sur cette grande question et donne, à ce sujet, des conseils aux artistes. L’art ne peut se rajeunir qu’à une condition, c’est de suivre sa loi, qui est celle de toutes les choses vivantes ; c’est de se replacer au point qui est pour lui la source de