Page:Schelling - Écrits philosophiques, 1847, trad. Bénard.djvu/114

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’homme. Ce sentimentalisme religieux qui bannit l’idée de Dieu de la raison, cache au fond l’athéisme. A la tête d’un de ses écrits, en réponse à une accusation d’athéisme portée contre sa doctrine par Jacobi, Schelling place comme épigraphe cette phrase de Spinosa, « Proh dolor ! res eò jam pervenit ut qui aperte fatentur se Dei ideam non habere et Deum nullo moda cognoscere, non erubescant philosophos atheismi accusare. Ici, il fait remarquer que ce mépris de la science et de ses formes sévères pourrait bien servir aussi de prétexte à l’impuissance et à la paresse qui se réfugient dans la religion pour échapper aux hautes exigences de la raison. Il maintient, toutefois, la distinction de la pensée religieuse et de la pensée philosophique. Il ne veut pas que l’une cherche à supplanter l’autre ; ce qui, dit-il, ne peut se faire sans un égal danger pour toutes deux. On regrette que ces points ne soient pas développés et n’aient provoqué ici que de brèves affirmations. — D’autres, enfin, établissent une opposition entre la philosophie et la poésie. Schelling n’épargne pas plus ce sentimentalisme poétique. Il se moque du dilettantisme des artistes et des poètes qui, dédaignant les hautes méditations de la philosophie, croient pouvoir aborder l’art et ses idées éternelles après avoir vaguement contemplé la nature, ou étudié le monde dans les salons ; sans compter ceux qui, sans aucune expérience de la vie, inondent la littérature de leurs pitoyables vers. — Il se résume en disant qu’au point de vue le plus éle-