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Les rapports de Mahomet avec le christianisme n’intéressent pas seulement, à un point de vue purement théorique, l’historien de l’Église, l’historien des religions et le philosophe ; ils intéressent tous les chrétiens qui sont appelés à soutenir, dans la vie pratique, des relations avec les musulmans, en particulier les missionnaires. Sur différents points de l’Afrique, de l’Asie, de l’Océanie, les messagers de l’Évangile rencontrent l’Islam, beaucoup plus armé de science et de subtilité, beaucoup plus théologique qu’ils ne le croient pour la plupart. Le présent travail, qui n’est pas une comparaison générale et complète des deux religions, qui concerne seulement ce que Mahomet a connu, adopté, rejeté de la christologie de l’Église, pourra, précisément sur ce point, les préserver de certaines maladresses de début, plus dangereuses avec les Musulmans qu’avec les sectateurs d’aucune autre croyance[1].

Il y aurait une question, plus importante encore sous le rapport historique, mais que nous n’aborderons que lorsque nous rencontrerons un point de contact avec notre sujet : ce seraient les rapports de Mahomet avec le judaïsme, et

  1. C’était déjà la préoccupation du protestant Grotius, dans la sixième partie de son apologie De veritate religionis christianae, et du P. Marracci dans son Alcoranus redivivus. Des missions de nos jours sont sortis plusieurs des ouvrages principaux sur l’Islam : celui du Rév. Mühleisen Arnold, ancien chapelain à Batavia (Islam : its history, character and relation to christianity, 3d edition, London 1874), et celui de W. Muir, laïque zélé de l’Inde anglaise (The life of Mohammed, 4 v. London 1858). D’un long séjour au milieu des Musulmans de l’Inde est sorti, sans préoccupation missionnaire il est vrai, l’ouvrage capital du Dr. Sprenger, Das Leben und die Lehre des Mohammed, 2e éd. Berlin 1869, 3 v. — M. Barthélemy Saint-Hilaire a rendu un vrai service au public français en vulgarisant, non sans appréciations personnelles, les principaux résultats de ces deux derniers livres (Mahomet et le Coran, Paris 1865).