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arrivée jusqu’à lui ? Et s’il a connu l’une et l’autre, pourquoi a-t-il préféré celle-ci à celle-là ?

À cette question lui-même ne répond pas, et nous devons conjecturer sa pensée. Peut-être a-t-il été scandalisé, comme l’ont été les apôtres avant la Résurrection, par le supplice humiliant du Juste, du Messie de Dieu ; peut-être cela lui a-t-il paru impossible.[1] Nous croyons plutôt qu’il n’a pas voulu de cette mort suivie d’une résurrection, parce que venant après une naissance miraculeuse, précédant une ascension dans le ciel, elle donnait à Jésus un caractère décidément divin[2] qui contrariait tout son système et tous ses préjugés. Sa bonne foi, sur ce point, nous paraît donc improbable, très-probable au contraire sa préoccupation de ne pas reconnaître en Jésus un supérieur.

La même préoccupation aura causé les réclamations du Coran contre la prétention de la religion chrétienne à être la religion universelle et définitive. « Nous sommes les fils de Dieu et ses amis chéris, disent les juifs et les chrétiens. Réponds-leur : Pourquoi donc vous punit-il de vos péchés ? Vous n’êtes qu’une portion des hommes qu’il a créés ; il pardonne ou châtie à son gré […] Ô vous qui avez reçu les Écritures ! notre envoyé va vous éclairer sur la cessation des prophètes, afin que vous ne disiez plus : Il ne nous vient plus d’annonciateur, d’avertisseur. Le voilà au milieu de vous, cet annonciateur, cet avertisseur. »[3]

  1. Bosworth Smith, Mohammed and Mohammedanism, London 1874, p. 192.
  2. Si enim Christi divinitatem agnovisset, irritus divinae legationis redisset. Si Christus Deus, certe major Muhammede Propheta fuisset. (Norberg, Opuscula academica, T. III.)
  3. S. V, v. 21, 22.