arrivée jusqu’à lui ? Et s’il a connu l’une et l’autre, pourquoi a-t-il préféré celle-ci à celle-là ?
À cette question lui-même ne répond pas, et nous devons conjecturer sa pensée. Peut-être a-t-il été scandalisé, comme l’ont été les apôtres avant la Résurrection, par le supplice humiliant du Juste, du Messie de Dieu ; peut-être cela lui a-t-il paru impossible.[1] Nous croyons plutôt qu’il n’a pas voulu de cette mort suivie d’une résurrection, parce que venant après une naissance miraculeuse, précédant une ascension dans le ciel, elle donnait à Jésus un caractère décidément divin[2] qui contrariait tout son système et tous ses préjugés. Sa bonne foi, sur ce point, nous paraît donc improbable, très-probable au contraire sa préoccupation de ne pas reconnaître en Jésus un supérieur.
La même préoccupation aura causé les réclamations du Coran contre la prétention de la religion chrétienne à être la religion universelle et définitive. « Nous sommes les fils de Dieu et ses amis chéris, disent les juifs et les chrétiens. Réponds-leur : Pourquoi donc vous punit-il de vos péchés ? Vous n’êtes qu’une portion des hommes qu’il a créés ; il pardonne ou châtie à son gré […] Ô vous qui avez reçu les Écritures ! notre envoyé va vous éclairer sur la cessation des prophètes, afin que vous ne disiez plus : Il ne nous vient plus d’annonciateur, d’avertisseur. Le voilà au milieu de vous, cet annonciateur, cet avertisseur. »[3]