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Jacques ; on y trouve au contraire, assez fidèlement reproduits, les principaux traits du célèbre récit évangélique. Il y a bien, là aussi, une contradiction : Zacharie commence par demander à Dieu de lui donner un fils, puis, sa prière accueillie, il ne croit plus que ce soit possible[1] ; tandis que dans notre troisième évangile Dieu répond bien à une prière, mais à une prière longue et secrète du cœur de Zacharie, qui après avoir si longtemps attendu en vain, ne peut plus croire à son bonheur : ces nuances délicates de la pensée et de l’espérance n’étaient pas faites pour l’esprit positif de Mahomet.

Nous arrivons à la nativité et à l’enfance de Jésus. Réunissons d’abord les principaux passages du Coran : « Parle de Marie, comme elle se retira de sa famille et alla du côté de l’Est. Elle se couvrit d’un voile qui la déroba à leurs regards. Nous envoyâmes vers elle notre esprit. Il prit devant elle la forme d’un homme de figure parfaite. Elle lui dit : Je cherche auprès du Miséricordieux un refuge contre toi. Si tu le crains[2]… Il répondit : Je suis l’envoyé de ton Seigneur, chargé de te donner un fils saint. — Comment, répondit-elle, aurais-je un fils ? Aucun homme n’a jamais approché de moi, et je ne suis point une femme dissolue. Il répondit : Il en sera ainsi ; ton Seigneur a dit : Ceci est facile pour moi. Il sera notre signe devant les hommes, et la preuve de notre miséricorde[3]. — Les anges

  1. Gerock essaie vainement de nier la contradiction, en soutenant que Zacharie demande un héritier en général, un fils de Marie par exemple. L’ensemble du récit s’oppose à cette interprétation, que combat Muir, T. II, p. 278.
  2. Kasimirski dit qu’il faut suppléer par ces mots : Tu ne t’approcheras pas de moi.
  3. S. XIX, v. 16—21.