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tragedie.

De celle qui me tient pour un empoiſonneur.
Je ſuis enfant d’Auguſte.

Agrippine

Je ſuis enfant d’Auguſte. Il m’en ſouvient, Tibere,
Tu nacquis en ce temps qu’à mon bien-heureux Pere,
Toute choſe à l’envi ſuccedant à la fois,
Fortune luy donnoit des enfans à trois mois.

Tibere

Si ie ne tiens de luy le iour que ie reſpire,
Au moins, comme à ſon fils, il m’a laißé l’Empire,
Et ce ſage Empereur nous rendit par ſon choix,
Toy l’Eſclave ſouſmis, moy le Maiſtre des Loix.

Agrippine

Ne fais point vanité d’un choix illegitime,
Son Orgueil te choiſit, & non pas ſon eſtime.
Il te donna l’Empire, afin que l’Univers
Regrettaſt le malheur d’avoir changé ſes fers.

Tibere

Parricide, ton Pere eſprouve ton audace.

Agrippine

Tu reſpectes mon Pere en deſtruiſant ſa race,