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«2 DANS DIFFÉRENTES FORMATIONS VERBALES. 69

Les langues ariennes répondent par l'a long dans la syllabe ou- verte: skr. gagdma, papdfa, ôikàya. La syllabe fermée comme la diphtongue suivie d'une consonne ont l'a bref, selon la règle: da- dàrçay hibhéda.

Il est singulier que dans la langue védique la première personne ne montre jamais d'à long, et que même dans le sanskrit classique la longue ne soit que facultative pour cette forme. M. Brugmann (Stud.lXiMl) a cherché à expliquer le fait au moyen de son hypo- thèse sur la désinence -a de cette première personne, laquelle repré- senterait un ancien -m (v. p. 40): la syllabe se trouvant ainsi fermée, l'a bref de gagâma etc. n'aurait rien que de régulier. Mais 1° il est permis de douter que cet a représente vraiment une nasale; 2^ ce point même étant admis, on préjuge dans cette explication la question de savoir quel phénomène est antérieur de l'allongement de «2 ou de l'évanouissement de la nasale ; 3" dans rdgan(a)m, pdd-(a)m et autres formes la désinence -m n'a pas empêché l'allon- gement ag. — Il faut avouer qu'on ne saurait tenir pour certaine la présence de a2 à la première personne : elle est assurée pour la 3^ personne, et probable pour la seconde (gagantha); voilà tout, car en grec et en germanique la première personne pouvait facilement emprunter a2 à la seconde et à la troisième^.

A part ce petit groupe du parfait singulier on ne rencontre nulle part dans la flexion verbale ag remplaçant l'a^ radical. Trois aoristes sigmatiques grecs^ : bodffdaTO en regard de l'imparf. beà)ur|V, -éTOCrae (Pindare) de la rac. tck, làaùov a^iaov Hes. (cf. leivvpiev), peuvent néanmoins renfermer un vestige de quelque autre emploi de ag. Et il se trouve justement que l'aoriste indien en -isam al- longe l'a radical dans la syllabe ouverte comme si cet a était a2 : àkanisam, âvâdisam. Seulement, dans le dialecte védique, l'allongement n'est qu'intermittent: la liste que donne Delbrûck,A/^m(?.Fer&. 179 seq., montre qu'à une ou deux exceptions près il n'a lieu que si toutes les syllabes qui suivent sont brèves, parce qu'apparemment une cer- taine cadence du mot serait sans cela troublée. Il faudrait savoir, avant d'être en droit de conclure à la présence de «2» si des raisons

��1. Il est singulier de trouver chez Hésychius une le personne KéXefa, suivie à quelques lignes de distance d'une 2c pers. XéXoTOç. Mais il n'y a là sans doute qu'un hasard.

2. Ahrens (I 99) conjecture un aoriste éolique ôppdxuj, de eïpiu «entre- lacer». Ce serait une quatrième forme de celte espèce.

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