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tellement évident qu'elle n'est pas d'un ordre habituel, à supposei- qu'elle se confirme, que nous trouvons inutile d'analyser en quoi consiste la différence avec les catégories ordinaires (même comme XoiTTÔç, ^oiKÔç, luoixôç, etc). Pour un peu énigmaticiue qu'il paraisse, il ne semble pas que le fait mérite une défiance absolue par avance.

Avec le celtique et l'arménien, les langues méridionales d'Europe sont les seules dont on puisse partir,, puisque le reste du domaine indo-européen ne permet plus de distinguer le timbre a d'un autre. Malheureusement le secours qui proviendrait soit de l'arménien soit du celtique se trouve être lui-même prescjue complètement illusoire en l'espèce, tantôt à cause des lacunes du vocabulaire, tantôt, et surtout, par suite du trouble survenu dans les diphtongues: rni)- pelons que même le mot caecus ne serait pas clair dans son vocalisme celtique d'après la forme ordinaire coech de l'irlandais, et ne l'est que grâce à la conservation de gloses archaïques offrant câich.

On peut relever dans la langue latine^:

caecus aveugle; blaesus bègue; paeiiis qui louche légèrement; scaevtis gauche; laevus gauche, maladroit; .mevas peut-être à l'origine «sinistre»; — aeger malade; taeter blême, sale.

claudus boiteux; scaurus pied-bot; plautus 1. ayant les pieds plats; 2. ayant de larges oreilles; rancns enroué; paucus insuffisant: — saucius blessé.

baîbus bègue; calvns chauve; valgus bancal; tardiis avançant à pas lents; bardus stupide; bargus (gloss.) «sine ingenio»; parvus chétif, cf. pârum pour *parvôm (trop peu, et non simplement peu); parais avare, mesquin; vânis cagneux, s'il est pour "^varrus (cf. Vano).

ancus ayant le coude ankylosé; mancus manchot; planciis ayant les pieds plats; rancus (gloss.) détérioré par rancissure; pandus courbé, voûté.

��1. Nous nous tenons à une revue extrêmement sommaire à tous points de vue. Entrer dans le détail qui pourrait être méthodiquement exigé serait usuiper pour notre démonstration une place qui ne lui revient point en ce volume. En particulier, les questions d'étymologie ne seront presque jamais abordées, dans des cas même où elles sont essentielles à la question (ainsi planctis est-il pour

  • j)ldntcus?, etc.). On n'a pas davantage tenté une séparation des cas où l'adjeclil

possède un verbe fort (parcus : parco), ni une .séparation des cas où la diphtongue n'est qu'une forme accidentelle du vocalisme radical (ratccus : ravus). Si, comme il y a lieu de le croire (v. nos observations finales), la langue elle-même a fait bon marché de certaines distinctions dans la recherche du type à diphtongue, ces libertés, dont nous nous excusons, se trouveront, de ce fait, un peu atténuées dans ce qu'elles ont de fâcheux.

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